[Marie Girard, batteuse du groupe lyonnais "Marie et les...

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0759 FIGRPTP2402 02
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 20 x 15 cm (épr.)
historique En 1978, la New-Wave est en pleine éclosion. A Paris, le Palace et les Bains-Douches ouvrent leurs portes, l'équipe de graphistes de Bazooka couche sur ses planches la vision glacée d'un monde high tech revisité, le regretté Pacadis nous conte ses errances noctambules de jeune homme chic. Nos platines, pas encore Iasérisées, distillent pourtant une mécanique ultra-moderne, celle des mongols mutants de Devo ("Are we not men ?") par un jeune groupe arty aux cheveux courts : les Talking Heads de New-York. Deux noms tirés au hasard d'une vague sans requin, aussi "new" que fertile à l'époque. Au milieu de cette ébullition "after punk", les groupes lyonnais sont l'avant-garde de la production hexagonale grâce à la fougue de Starsbooter, GanafouI, et autre Killdozer ; mais également grâce à l'esprit subtil et plus raffiné d'Electric Callas ou de Marie et les garçons. De tous ces has-been magnifiques, il ne reste aucune affiche. Toutes ont été décollées par l'érosion du temps et les ravaleurs de façades. Ainsi Marie qui connut un succès trop éphémère, mais se présente comme la mère nourricière de la jeune génération new-wave française : "Marie et les Garçons aura au moins permis de défoncer des portes pour des groupes comme Indochine, qui sont un peu nos petits frères". Et c'est pourquoi nous te saluons Marie ! Tu fus avec tes Garçons et ta batterie l'une des toutes premières à importer le nouveau tempo d'outre-Atlantique. A l'époque, tandis que les formations locales façonnent leur style sur le modèle des Sex Pistols, Marie et les Garçons s'inspirent, eux, de Williams Burroughs pour leur patronyme (Les garçons sauvages), dissèquent le look des Talking Heads, et se paient John Cale, enfant chéri de la Factory d'Andy Warhol, en guise de producteur pour leurs deux meilleurs titres : "Re Bop" et "Attitude". Une attitude éminemment branchée, devançant le public provincial d'une bonne dizaine de mesures. Avec son rock venu d'ailleurs, le groupe se voit alors canardé de canettes de bière par le public de Fourvière. Mais de son côté, la presse ne tarit d'éloges sur ces quatre avant-gardistes : "La presse spécialisée a très vite inventé le slogan de Lyon Capitale du Rock", se souvient Marie, "mais ces revues ne touchaient qu'un lectorat restreint. Pour amplifier le phénomène, il nous aurait fallu l'appui des radios libres qui, malheureusement n'existaient pas encore". La radio, voilà un autre moyen de faire de la musique en stéréo, à l'abri des projectiles : Marie anime alors pendant deux ans et demie "Désolé isolé", une émission-dédicace à l'intention des détenus sur feu Radio Bellevue, tandis que le fan transi espère toujours en secret une reformation de cette légende locale née prématurément. "Pourquoi pas une Mamie Marie et ses garçons ? (rires...), après tout, je dispose encore d'un petit local où je travaille mon instrument en dilettante. Mais le plus clair de mon activité professionnelle est désormais consacrée â l'organisation de spectacles (Realistic Productions). Et une reconstitution "du groupe me paraît d'autant moins probable que nous nous sommes perdus de vue, et que certains évoluent aujourd'hui dans des domaines peu compatibles avec la musique..." Frustré, le défricheur de sarcophages s'en retourne donc vers ses pièces de collection avec cette question : "A quand Lyon Capitale Européenne du Rock ?". Dans l'expectative, il ne peut que vous conseiller l'un des meilleurs titres de Marie et les Garçons : "(Plus) rien à dire"... Sans l'ombre d'un cynisme. Source : "En ce temps là, Marie" / Claude Simonet in Lyon Figaro, 18 août 1987, p.23.

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